Michel Barnier a engagé, ce lundi, la responsabilité de son gouvernement sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale par l’article 49.3 de la Constitution, qui permet une adoption du texte sans vote, mais expose le gouvernement à une motion de censure. « Les Français ne nous pardonneraient pas de préférer les intérêts particuliers à l’avenir de la nation », a ainsi argué le Premier ministre.
L’ultimatum de Marine Le Pen sur les retraites
Pourtant, le locataire de Matignon n’a eu de cesse de faire les concessions au Rassemblement national. Ce week-end, il s’est ainsi s’engagé à ce qu’il n’y ait pas de déremboursement des médicaments l’an prochain, comme le demandait le parti de Marine Le Pen. Et en fin de semaine dernière, le premier Ministre avait aussi accepté d’abandonner la hausse de la taxation de l’électricité.
Mais restait un dernier point d’achoppement que Marin e Le Pen a dégainé quelques heures avant le début de l’examen du texte par l’Assemblée nationale, ce lundi. En guise d’ultimatum, le RN a déposé un amendement sur le renoncement à la désindexation des retraites. « A charge pour le gouvernement de l’accepter ou de ne pas l’accepter » , expliquait, ce lundi après midi, Marine Le Pen, à l’issue d’une réunion de ses troupes, peu avant le début de l’examen du texte par l’Assemblée nationale.
Le coût de la revalorisation des retraites sur l’inflation
Reste que sur ce dernier point, Michel Barnier n’a pas voulu céder, préférant engager la responsabilité de son gouvernement. Et pour cause, il mesure le coût astronomique de cette ultime concession. La revalorisation de toutes les retraites, l’an dernier, a coûté 15 milliards d’euros aux finances publiques.
Aussi, pour réduire le déficit, et alors qu’il a pour objectif de réaliser 60 milliards d’euros d’économies en 2025, le Premier ministre avait-il trouvé, il y a quelques jours, un compromis avec Les Républicains pour indexer les retraites sur la moitié de l’inflation dès le 1er janvier – avec un complément au 1er juillet pour les retraites sous le Smic. Un compromis jugé « inadmissible » pour Marine Le Pen, qui entend donc, elle aussi avoir son mot à dire sur le sujet.
Les retraités, éternels gagnants
Si le gouvernement Barnier tombe, les retraités en ressortiront gagnants. Et ce seront bien les seuls. Car si, en toute fin, le budget de l’an dernier s’applique, les 20 millions de pensionnés bénéficieront d’une indexation sur l’inflation quelque soient leurs revenus. En revanche, les actifs, comme les entrepreneurs, eux risquent d’en payer le prix fort.
La séquence politique qui se joue montre combien, une fois de plus, le sujet de la retraite est sensible dans notre pays. Si chaque réforme destinée à ramener notre régime par répartition dans le vert met des Français dans la rue, ce lundi, la question de l’indexation des pensions est devenu l’étincelle politique susceptible de faire tomber le gouvernement.