ArcelorMittal et la France : une relation tourmentée par des conflits sociaux

Les syndicats organisent une manifestation mardi 13 mai devant le siège parisien du deuxième producteur mondial d’acier qui prévoit de supprimer 636 emplois en France. Ces nouvelles tensions rappellent les crises historiques de Gandrange et de Florange en 2009 et 2012.

Par Michel Durand

Publié le 12 mai 2025 à 18h00, mis à jour à 21h28

« C’est comme si le même cauchemar se répétait. » Pour Edouard Martin, ancien représentant syndical de la CFDT qui avait dirigé la mobilisation contre la direction d’ArcelorMittal à Florange en 2012, « l’histoire continue de se reproduire inlassablement ».

Treize ans après la fermeture des derniers hauts-fourneaux mosellans, l’ancien syndicaliste de 61 ans, qui a siégé au Parlement européen entre 2014 et 2019 et travaille désormais pour Valo, une entreprise d’insertion sociale et d’économie circulaire basée à Longwy (Meurthe-et-Moselle), à environ trente kilomètres de Florange, exprime son indignation face à l’annonce faite par le second producteur mondial d’acier le 23 avril dernier.

Ce plan prévoit la suppression de 636 postes en France, dont 295 sur le site de Dunkerque (Nord), l’une des aciéries les plus importantes d’Europe, où jusqu’à 385 emplois pourraient être finalement concernés.

Depuis cette annonce fracassante, la tension n’a cessé de monter. Les organisations syndicales appellent à une mobilisation mardi 13 mai, jour de l’ouverture des négociations concernant le plan social, devant les bureaux d’ArcelorMittal à Saint-Denis, en région parisienne. Cette manifestation intervient douze jours après une première mobilisation.

Cette nouvelle crise s’inscrit dans une longue série de confrontations entre le géant sidérurgique et l’État français, marquée par des promesses non tenues et des restructurations successives. En 2009, la fermeture de l’usine de Gandrange avait déjà suscité une vive émotion, suivie en 2012 par la crise de Florange qui avait dominé le début du quinquennat de François Hollande.

Les syndicats dénoncent une stratégie de réduction des coûts qui sacrifie les sites français, malgré les bénéfices substantiels réalisés par le groupe ces dernières années. De son côté, la direction justifie ces suppressions d’emplois par la nécessité de s’adapter à un marché mondial de l’acier en surcapacité et aux défis de la transition écologique.

L’intervention de l’État français semble inévitable dans ce dossier hautement symbolique. Le gouvernement a déjà exprimé sa préoccupation et annoncé qu’il veillerait au respect des engagements sociaux du groupe. Un comité interministériel est prévu dans les prochains jours pour examiner les options disponibles.

Cette nouvelle crise rappelle la difficile relation entre la France et ArcelorMittal, marquée par des tensions récurrentes entre les impératifs économiques d’un groupe mondial et les enjeux sociaux et industriels d’un pays attaché à son patrimoine sidérurgique.