Compétitivité : « Non, l’Europe ne souffre pas d’un manque de financements, elle a avant tout un problème de profitabilité »

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Le principal frein qui empêche l’Europe et la France d’innover réside dans le droit du travail qui est « très antischumpétérien », c’est-à-dire qu’il protège plus l’emploi que les travailleurs, selon l’économiste Yann Coatanlem, dans une tribune au « Monde »

Publié le 20 février 2025 à 12h15, modifié le 20 février 2025 à 14h28 Temps de Lecture 3 min. Lire plus tard Partager

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Le rapport Draghi semble enfin avoir sorti l’Europe de sa torpeur : la prospérité de notre continent et son influence dans le monde sont en danger. Nos atouts formidables, notre recherche de premier plan, nos talents enviés partout, nos fleurons industriels traditionnels ne suffisent plus. L’Europe est devenue une belle endormie parce qu’elle a choisi de se détourner des industries du futur : songeons que nous investissons cinq fois moins que les Américains dans le high-tech. Il s’agit bien d’un choix délibéré, et qui plus est d’un choix rationnel. Les entreprises européennes sont littéralement forcées de se limiter à des activités peu risquées, au mieux à faire de l’innovation marginale, à améliorer à la marge des produits éprouvés. Pourquoi ?

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La grande caractéristique de l’innovation fondamentale, disruptive, c’est qu’elle connaît des taux d’échec élevés, très élevés − proches de 80 %, au mieux. Imaginez-vous en compétition dans une course sportive sur un terrain très accidenté où vous tombez tous les 10 mètres. La seule solution pour faire partie du peloton de tête, c’est de se relever très vite. C’est la même chose pour les entreprises innovantes : il faut pouvoir corriger très vite les projets qui ne marchent pas, faire preuve d’agilité, à la fois en temps d’exécution, mais aussi en coûts. Si le coût de l’échec est trop élevé, la logique financière est impitoyable : les projets ne sont plus rentables, et les investisseurs s’en détournent.

Or, l’innovation européenne est asphyxiée précisément parce que restructurer un business est aujourd’hui trop cher, plus cher qu’aux Etats-Unis par un facteur dix. Il n’y a qu’à interroger en aparté les (rares) patrons des grandes sociétés de tech européennes. Une étude récente, dont les conclusions ont été reprises par le rapport Draghi et le competitiveness compass (boussole pour la compétitivité) de la Commission européenne, confirme cette tendance à partir de