Pékin et Washington ont officialisé une suspension majeure des droits de douane punitifs pour une période de quatre-vingt-dix jours. Pour la Chine, cette évolution représente une victoire diplomatique considérable.
Par Édouard Laurent (Correspondant à Pékin)
Publié le 12 mai 2025 à 12h03, mis à jour à 14h35
Après deux journées d’intenses négociations à Genève (Suisse) les 10 et 11 mai, les deux géants économiques mondiaux ont annoncé lundi 12 mai leur décision d’abandonner la majorité des droits de douane qui paralysaient leurs échanges commerciaux depuis presque un mois. Dans une déclaration conjointe publiée lundi à 15 heures (heure de Pékin) et 3 heures du matin (heure de Washington), les deux puissances ont confirmé un accord suspendant la plupart des mesures douanières punitives pour une durée de quatre-vingt-dix jours.
Les taxes douanières américaines sur les produits chinois, qui avaient atteint le niveau record de 145%, seront réduites à 30%, tandis que les droits imposés par la Chine sur les importations américaines, qui s’élevaient à 125%, seront abaissés à 10%. « Nous partageons la conviction qu’aucune de nos nations ne souhaite un découplage économique », a déclaré Scott Bessent, secrétaire américain au Trésor, qui dirigeait la délégation américaine en Suisse aux côtés de Jamieson Greer, représentant au commerce.
Les deux pays ont également établi un mécanisme pour poursuivre les discussions concernant leurs relations économiques et commerciales. Cette annonce a immédiatement stimulé les marchés financiers, avec une hausse de 3% des cours du pétrole et de la Bourse de Hong Kong dans les minutes qui ont suivi.
Ce revirement marque un changement significatif dans la politique commerciale américaine, particulièrement après les positions fermes initialement adoptées par l’administration Trump depuis son retour à la Maison Blanche en janvier 2025. Les analystes économiques soulignent que cette décision reflète la reconnaissance par Washington de l’interdépendance profonde entre les deux économies et l’impossibilité pratique d’un découplage complet.
Pour Pékin, cet accord représente une victoire stratégique démontrant sa capacité à résister aux pressions américaines et à défendre ses intérêts économiques essentiels. Les autorités chinoises ont maintenu une position ferme tout en laissant la porte ouverte aux négociations, une approche qui semble avoir porté ses fruits.
Les négociations se poursuivront dans les prochaines semaines, avec des discussions prévues à Washington en juin, puis à Pékin en juillet, afin d’établir un cadre commercial plus stable entre les deux superpuissances.