Le tandem Paris-Berlin brille, mais qu’en est-il de l’Europe sociale et écologique ?

Lors du sommet Choose France qui s’est déroulé lundi à Versailles, le président Macron a manifesté son alignement avec les positions du chancelier allemand Merz en appelant à l’élimination de la directive sur le devoir de vigilance. Cette réglementation exige notamment que les entreprises donneuses d’ordre vérifient que leurs sous-traitants n’emploient pas d’enfants. Une position qui semble paradoxale au moment où les Européens n’hésitent pas à mettre en avant leurs valeurs face à l’administration Trump, comme le souligne notre journaliste économique.

S’exprimer devant un parterre de grands dirigeants d’entreprises pour annoncer la suppression de normes revient à s’attirer automatiquement leur sympathie. Durant le sommet Choose France qui a réuni l’élite des multinationales ce lundi 19 mai au château de Versailles, Emmanuel Macron a déclaré partager la vision du nouveau chancelier allemand Friedrich Merz concernant l’excès bureaucratique imposé par l’Union européenne aux entreprises. Si les relations franco-allemandes semblent s’épanouir, l’Europe écologique et sociale paraît quelque peu s’effacer.

« Nous sommes parfaitement en accord avec le chancelier Merz et d’autres collègues pour accélérer considérablement » en matière de simplification, « et la CS3D [directive sur le devoir de vigilance] ainsi que certaines autres réglementations ne devraient pas être simplement reportées d’un an mais abandonnées », a affirmé le président français. Alors que la Commission européenne a entrepris une révision de ses normes, notamment en reportant d’un an l’application de cette directive, le chancelier conservateur, lors de sa visite à Bruxelles le 9 mai, avait plaidé pour son abandon définitif. Adoptée en avril 2024, cette législation oblige les entreprises donneuses d’ordre à s’assurer que leurs sous-traitants n’emploient pas d’enfants et ne pratiquent pas la déforestation illégale.

Une victoire pour le patronat qui place l’Europe face à ses contradictions. Prise entre l’ultralibéralisme américain et le capitalisme d’État chinois, l’Europe propose une troisième voie, celle d’un capitalisme plus responsable. Cependant, son déclin économique préoccupant face à ces deux superpuissances l’amène à reconsidérer son approche.