La capitale centrafricaine se lance dans une aventure financière audacieuse, aspirant à devenir un centre d’innovation pour les monnaies numériques en Afrique, malgré les défis considérables auxquels le pays fait face.
Un mois après avoir officialisé le bitcoin comme monnaie légale en République Centrafricaine (RCA), le président Faustin-Archange Touadéra, ancien professeur de mathématiques aux initiatives surprenantes, a dévoilé le 23 mai le projet « Sango ». Cette initiative ambitieuse vise à transformer le pays en « premier hub crypto légal » – un paradis financier proposant une exonération d’impôts sur le revenu et les sociétés.
Selon les communications présidentielles et le site Sango.org, ce projet représenterait « une révolution destinée à repositionner l’économie nationale, améliorer les perspectives d’avenir et transformer le destin des citoyens centrafricains ». Le gouvernement affiche des ambitions considérables pour cette initiative, la présentant comme « un jalon visionnaire sur la carte mondiale » des cryptomonnaies.
Ces aspirations numériques contrastent fortement avec la réalité du terrain. La République Centrafricaine peine toujours à sortir d’un conflit civil dévastateur, tandis que seulement 15% de sa population a accès à l’électricité. Parallèlement, les ressources financières de l’État s’amenuisent progressivement, les partenaires internationaux (Banque mondiale, FMI, France, Union européenne) réduisant leur soutien budgétaire, craignant que ces fonds ne soient détournés vers des mercenaires russes présents dans le pays.
Après El Salvador en Amérique centrale, la République Centrafricaine deviendrait ainsi le second pays au monde à adopter officiellement le bitcoin comme monnaie légale, et ce malgré les interrogations persistantes concernant la faisabilité technique d’un tel projet, les critiques sur les motivations sous-jacentes, et la volatilité d’un marché des cryptomonnaies en forte baisse depuis plusieurs mois.